30/11/2014

La confidentialité numérique


A chaque nouvelle mise à jour en rapport avec la confidentialité sur le réseau social Facebook, on peut voir fleurir une multitude de post sur son mur qui ressemble à ça :



Mais est-ce que cela sert vraiment à quelque chose ? La réponse est non !

Facebook et les autres


Qu’on ne s’y trompe pas, l’heure actuelle est au partage ultra-rapide de contenus, à l’immédiateté de l’information. Que vous soyez inscrit sur des sites de réseaux sociaux comme Facebook ou Google+ (oui il y en a) voir sur d’autres tels que les sites de Amazon, Apple ou la FNAC, les données personnelles que vous inscrivez sont autant de pain béni pour ces rois du marketing que si vous leur donniez directement accès à votre compte en banque. Mais quid de la sécurisation de celles-ci ?



Toutes ces institutions vont vous vanter la sécurité de leurs serveurs sur lequel transite et/ou sont conservés toutes vos données, parfois comme le cas de Facebook, tout ou partie de votre vie. Mais celle-ci sont bel et bien à portée du clavier de n’importe quel pirate assez doué pour y accéder. Je vous rappellerez récemment la mésaventures de ces stars et starlettes qui ont eu la grande surprise de voir leurs photos et vidéos dénudées voyager en quelques secondes d’un bout à l’autre du globe. Et pourtant, ces contenus étaient bien à l’abri sur le Cloud, ce fameux « nuage » numérique permettant l’accès à tous et partout de toutes sortes de données. Et c’est là que la mentalité actuelle est divergente. Nous voulons pouvoir stocker nos données en ligne afin d’y avoir accès partout et en toute heure, mais dans le même temps il faut absolument que la confidentialité et leur protection soit avancée à son paroxysme… Un comble ? Oui et non. Il est normal que nous voulions protéger nos données, protéger notre vie. Mais il tient aussi à chacun de savoir se restreindre pour arriver à le faire. De savoir lire tout simplement des conditions d’utilisation avant de bêtement cliquer sur « oui » ou sur « accepter » avant, dans un second temps, de venir crier au loup car « ces méchants de Facebook pourraient utiliser mes données à des fins commerciales ».

Les réseaux sociaux seuls « méchants » de la revente ?


Surfant sur cette nouvelle vague de la confidentialité du web, certains réseaux sociaux jouent à fond cette carte pour séduire de nouveaux membres. Je pourrais vous parler de TodoBravo qui revendique en premier lieu la protection et la non-revente des informations personnelles de ses membres. Ou encore de Rustlin, qui mise sur la géolocalisation et l’anonymat. Voir enfin de Social Number où vous n’êtes plus qu’un numéro dans une masse abstraite qui assure encore d’avantage votre confidentialité. Je n’en ferais rien. La raison principale est que, pour la plupart je les ai découvert en préparant la rédaction de cet article et que je ne voudrais pas faire de la désinformation sur eux, et d’autre part car je suis de ceux qui pensent que la protection des données est une utopie dans un monde numérique comme le nôtre et que, même si on pointe souvent du doigt les méchants réseaux sociaux, ils ne sont qu’un maillon d’une chaîne beaucoup plus grande et parfois méconnu de ces revente de données personnelles.



Vous ne vous êtes jamais interrogé de voir une société comme Dekra ou Securitest vous inviter à passer le première contrôle technique de votre véhicule alors que jamais vous n’avez eu à faire à leurs services ? Pas étonné de voir votre boîte aux lettres débordés de publicité pour des voitures quand la vôtre commence à dater un peu ? Rien d’étonnant dans tout ceci car ils connaissent tout de votre vie de conducteur automobile. La faute à Facebook ? Et bien non, la faute à un acteur de ce marché méconnu mais qui fait partie de ceux qui revendent le plus de données personnelles : l’état français et en occurrence le service des cartes grises. La loi Loppsi 2 permet la commercialisation des informations préfectorales des propriétaires de véhicules sans avoir besoin d’en demander l’autorisation. Officiellement, le but était de faciliter le rappel des vieilles voitures ou des défectueuses par les constructeurs, ainsi que pour des opérations commerciales et statistiques. Résultat : votre nom, votre date de naissance, adresse, puissance du véhicule etc… sont accessible à tous pour la modique somme (maximal) de 20 centimes d’€.



Pour conclure, afin de mieux gérer sa vie privée et la confidentialité de celle-ci, il faut se mettre en tête que les réseaux sociaux, bien qu’ils veulent faire croire le contraire, ne sont pas les sites les plus sécurisés du web. Ils restent assez fiable mais il ne tient qu’à chacun de savoir « se gérer ». La CNIL préconise des réflexes assez simple si on ne veut pas voir sa vie privé perdre trop en confidentialité :

  • de bien lire les conditions générales d’utilisation d’un réseau social avant de vous inscrire (ou pas),
  • de régulièrement vérifier vos paramètres de confidentialité,
  • de veiller aux infos que vous publiez sur le web.
  • Les fuites seront toujours possible mais si vous avez, à la base, filtré ce que vous voulez ou non voir rendu public, vous n’aurez aucun soucis avec votre vie privé ou votre conscience de voir un secret inavouable dévoilé.

    30/07/2014

    La liberté et internet



    Ces quelques mots en guise de titre, prononcés jadis par Voltaire, prennent de plus en plus de sens dans notre beau pays, et les futures dispositions faites vis-à-vis de l'internet en France ne devraient pas arranger cet état de fait. Il est encore trop tôt pour parler de censure, et ce serait des propos bien disproportionnés, mais force est de constater que le berceau de l'esprit des Lumières marche sur la planche savonneuse de la privation des libertés numériques. Que la France ferme peu à peu le "robinet internet" et son ouverture vers la connaissance.


    Entrons donc dans le vif du sujet. La commission des lois a voté le 22 Juillet 2014 la possibilité du blocage administratif des sites faisant l'apologie du terrorisme, sans aucune intervention de la justice. Cette loi sera présentée en septembre 2014 devant l'Assemblée Nationale, mais bien des députés de tout bord pensent qu'elle n'a que peu de chance de ne pas être adoptée tant elle est appréciée par le 1er Ministre. Elle permettra donc à l'Etat, sous couvert de l'invocation de la sacro-sainte menace terroriste, de bloquer purement et simplement tout site faisant l'apologie du terrorisme. En soit, me direz-vous, rien de bien grave et quelque chose de très louable. Oui mais... comment éviter les abus ? Comment éviter les erreurs ? Comment éviter que sous prétexte d'apologie du terrorisme des sites soient fermés alors que leur seule faute est d'être contre les idées de tel ou tel gouvernement ?


    Nombre d'organisations, de députés et de professionnels du net se soulèvent contre ce projet de loi jugé trop répressif et potentiellement inefficace comme par exemple la commission de réflexion sur le droit et les libertés à l'âge du numérique et qui rappelle que "le préalable d'une décision judiciaire apparaît comme un principe essentiel, de nature à respecter l'ensemble des intérêts en présence, lorsque est envisagé le blocage de l'accès à des contenus illicites sur des réseaux numériques". Et d'ajouter qu'ils sont quelques uns, les rares députés ayant compris le fonctionnement d'internet, a essayé de s'opposer à cette éternelle tentative du contrôle de la toile que l'on retrouve depuis des années à droite comme à gauche. Comme si nous gouvernants, les uns après les autres, tentaient de contrôler une chose qu'ils n'arrivent pas à comprendre.

    Vouloir et Pouvoir ?


    Dans tous les pays pratiquant déjà la censure partielle ou totale d'internet, les réseaux privés virtuels (VPN) sont rois, et la France ne ferait pas exception. D'ailleurs, depuis l'avènement de la loi Hadopi, ils sont nombreux les internautes français à débourser quelques euros par mois afin de passer outre la surveillance du réseau. Ces services proposent à leurs utilisateurs de passer outre d'éventuelles restrictions sur le réseau et, entre autres choses, de garder un anonymat relatif sur internet. En permettant, involontairement ou par ignorance, l'utilisation accrue de ces méthodes l'Etat aura moins l'occasion de compter sur les imprudences des terroristes sur internet qui permettait à la police de les repérer et de les arrêter (dixit en 2013 le juge antiterroriste Marc Trévidic).

    De plus, la commission de réflexion sur le droit et les libertés à l'âge du numérique va jusqu'à craindre le blocage de contenus par erreur comme ce fût le cas en Australie où des sites n'ayant rien à voir avec le terrorisme ou la pédopornographie s'étaient retrouvé sur la liste noire des sites à bloquer. Reporters sans frontières y étant également aller de son communiqué en mettant en garde la France sur un texte qui "pourrait engendrer un recul de la liberté d'information puisqu'il (...) prévoit le blocage administratif de sites internet et augmente les mesures de surveillance".


    Le collectif citoyen La Quadrature du Net considère quant à lui que "C'est un test majeur pour la défense des droits et libertés contre l'instauration de mesures très graves de police préventive de l'intention, contournant le judiciaire au nom de la lutte contre le terrorisme".

    Mettre en avant ce que l'on veut taire


    L'effet pervers d'un tel projet serait de mettre en avant, au lieu de les rendre invisible, tous ces sites que l'Etat placerait sur liste noire. A l'heure du tout information, avec les WikiLeaks et autres Snowden, il ne faudrait pas longtemps pour rendre public des sites dont le commun des utilisateurs d'internet n'aurait même pas soupçonner l'existence. Une "publicité" facile pour les cyber-recruteurs de machines humaines de mort.


    La sacro-sainte raison de lutte contre le terrorisme, ou comme elles font, j'en suis sûr, souvent sourire certains devant les films et séries américaines "la raison d'état" ou "la sécurité nationale", ne doivent pas être des raisons de privation de la liberté de l'information dans notre beau pays comme dans notre monde d'ailleurs. Il faut garder en tête cette citation de l'académicien Auguste Barbier :


    Source principale : www.lepoint.fr